crise et relations presse

image pigisteJulie L. est une journaliste depuis plus de 20 ans. Pigiste par choix depuis plus d’une décennie, elle écrit pour un quotidien. 

Pigiste : qu’est-ce qui a changé et comment voyez-vous évoluer ce statut dans les années à venir compte tenu des grands bouleversements actuels ? 

La crise semble avoir engendré beaucoup de casse du côté des pigistes. Au sein de nombreuses rédactions, lorsqu’il a fallu couper les coûts, les pigistes ont souvent été les premières victimes. Reste que certains journaux se sont révélés exemplaires et extrêmement à l’écoute : chômage partiel pour les pigistes réguliers, rattrapage du volume de piges par d’autres rédacteurs en chef lorsque des rubriques étaient supprimées… À l’heure actuelle, je suis incapable de dire comment la situation va évoluer. Mais en presse écrite, avant crise, le recours aux pigistes était croissant : je ne vois pas pourquoi ce mouvement serait interrompu (un pigiste coûte moins cher qu’un salarié). Pour ma part, je suis journaliste indépendante par choix. Et bien que ce statut soit plus précaire que jamais, j’y suis viscéralement attachée car il est notamment synonyme de diversification des sujets.

Que privilégiez-vous pour le choix de vos sujets (la proximité avec les agences / les clients …) ?

Lorsque j’ai la main sur le choix des sujets (ce qui arrive souvent), plusieurs facteurs entrent en ligne de compte : le premier d’entre eux est évidemment l’actualité et le degré de maturité de l’entreprise sur la thématique choisie. Il arrive que je contacte directement les organisations, mais le plus souvent je m’en remets aux agences avec lesquelles j’entretiens des relations extrêmement fidèles, transparentes et bienveillantes. Je suis en contact avec une quarantaine d’agences, de toutes tailles et de toutes régions, que je considère comme des partenaires précieux : le plus souvent, les attaché(e)s de presse connaissent parfaitement mes besoins et savent être réactives, même lorsque les délais sont très serrés.

Quelle est réellement la place laissée aux sujets proposés par l’agence/les clients versus les sujets qui vous sont imposés par les rédactions et y-a-t il encore vraiment une certaine liberté pour vous dans le choix des sujets ?

Pour ma part, j’écarte les propositions de sujet « hors-sol » (sans véritable lien avec l’actualité), banal ou non-inédit (centième proposition sur la marque employeur, sans dispositif original), vague (« untel accélère dans la RSE », mais pas d’exemple de dispositif), non-concret (jus de crâne d’un expert qui n’apporte aucun éclairage pratico-pratique)… J’archive les autres et je les propose à mes différents rédacteurs en chef lorsqu’un dossier thématique est en préparation. Je reçois environ 300 mails par jour. Seuls 10% m’intéressent. Mais parmi ces 10% pertinents, je n’ai pas toujours l’opportunité de relayer l’information tout de suite : d’où ma démarche d’archivage. Dans mon cas, je suis souvent sollicitée par mes rédacteurs en chef pour être force de proposition. J’affirme donc avoir une réelle liberté dans le choix des sujets.